COvid-19: bataille géopolitique et geoeconomique visant à redessiner la carte économique mondiale: cas du continent africain

Le coronavirus, du latin signifiant << Virus à couronne>> dû à l’apparence des virions, est à l origine de la crise sanitaire la plus dévastatrice de ces dernières années.

Alors que le nombre de victimes vient de traverser la barre des 186.000 morts à l’echelle mondiale, Le virus dont les premiers cas ont été signalés le 31 décembre 2019 par la chine selon un bulletin publié le 12 janvier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cristallise le monde ,le plongeant à la limite de la psychose générale.

Situation qui conditionne entre autres les échanges politiques, commerciaux, socioculturels entre pays, chose qui donne le jour à diverses interrogations dont celle sur laquelle se construit cette thématique.

Et si au delà de cette crise sanitaire, des enjeux géopolitiques et géoéconomiques pouvant maintenir le continent africain captif se jouaient ?

la double identité des pandemies

Pour mieux comprendre l’hypothèse du double visage d’une crise sanitaire, un bond dans l’histoire des plus grandes pandémies ayant frappées l’ humanité s’impose.

▪︎ la peste noir

Causée par une bactérie « yersimia Pestis » la peste noire a causée entre 1347- 1351 la mort de 25 millions européens.

▪︎ la peste Justinien

Est à l’origine en l’an 540 avant J.C du décès de plus 40 millions d’hommes et femmes.

▪︎ la grippe espagnole

Originaire de chine doit son nom « espagnole » suite au décès de l’une de ces célèbres victimes le roi d’espagne Alphonse Xlll. Entre 1918- 1919 la grippe espagnole fait plus de victimes que la première guerre mondiale.

▪︎ la variole et les Amerindiens

La variole est la principale arme qui a décimé les tribus indiennes d’Amerique du Nord.

▪︎ la grippe Asiatique

Le virus provenant d’une Mutation de canards sauvages et d’une souche humaine de grippe a fait en 1956 plus de 1 million de victimes.

La liste est bien plus exhaustive. En faisant le parallèle avec les plus grands conflits internationaux, fort est de constater que chaque pandémie prend place plus ou moins à la même période.

C’est le cas entre la peste noir et la guerre des cent Ans. La peste Justinien prend essentiellement son nom à la guerre de justinien. La grippe espagnole se déroule en pleine guerre mondiale et la variole se déroule dans un contexte de colonisation des Amériques par les puissances européennes. La grippe asiatique prend place dans un contexte de guerre froide.
L’ hypothèse se renouvelle avec la peste antoine et la guerre Romano-parthique avec plus de 10 millions de morts , la peste de Londres et la guerre Anglo-neerlandaise en 1665.

L’ histoire se répète un peu trop pour parler de coïncidence.
chaque pandémie compte tenu du contexte pourrait être perçue au même titre que des armes conventionnelles comme une arme visant à garantir la victoire à son détenteur.

est-ce le cas avec le covid-19 ?

Pour répondre à cette question il serait au préalable nécessaire d’élargir le concept « Guerre », qui pour beaucoup se limite juste aux conflits armés.

L’écrivain Maxime Du Camp disait à la veille de la deuxième Révolution industrielle fin 19 siècles << les matières premières sont devenus des dieux, ils ont des dévots et un culte>>. Par là il présentait l importance des matières premières, parmi lesquels l’or, le Cuivre …et l’or noir qui au-delà d’être l’une des principales sources d’énergie est devenu au fil des années le minerais le plus commercialisé de la planète.

Bien que l’Afrique ne représente que 9.3% de la production mondiale de pétrole, il compense très rapidement cet « handicap » au travers de son leadership mondial sur d’autres minerais. Chose qui pourrait justifier le faite que les grandes puissances mondiales accordent une attention particulière la vie politico- économique de ce dernier. Aux yeux de ces grands ensembles et leurs multinationales publiques ou privées l’ afrique représente un intérêt géopolitique majeur.

Entre une Union Européenne qui aimerait conforter sa présence, une Chine qui avec beaucoup de subtilité accroît sa présence et des Etats unis qui voient d’un mauvais œil cette montée chinoise, le continent africain est devenue un véritable terrain de bataille géopolitique et geo-économique dont ce virus tout comme d’ autres maladies pourraient être utilisés comme des armes au service du capitalisme pour garantir l’ assujettissement de l’ Afrique de façon continue et contrôlée.

Covid-19 : arnaque macroéconomique?

Au-delà de la crise sanitaire actuelle se dessine à l’horizon une redistribution des cartes économiques mondiales donc l’un des principaux perdants pourrait être le continent africain.

Pour faire face à cette crise, beaucoup d’états aussi bien ceux du nord comme ceux du sud ont opté pour le confinement total voire partiel, ce qui au fond n’est pas mal compte tenu de l’ampleur de la situation, mais  » le Confinement » sur le plan macroéconomique c’est L’ augmentation des dépenses publiques combinée à la réduction des recettes publiques débouchant à un ralentissement de l’activité économique.

Une interrogation émerge de cette approche macroéconomique du « confinement ». Les pays du Sud disposent ils des mêmes outils économiques que ceux du Nord pour soutenir un « pendant » et surtout un « après » confinement ?

petite analyse économique des Etats

Pays du Nord

Il s’agit de pays industriels à économie libérale, mais ils forment malgré tout un groupe très hétérogène.

On y trouve en effet des pays plus riches que d’autres.
Ils disposent d’une économie forte et diversifiée. Et ils sont propre garant de leur politique monétaire et fiscale.

En fonction des réalités conjoncturelles du marché, ils peuvent utiliser diverses mécanismes monétaires (expansionniste ou restrictive) pour garantir la stabilité du marché.

Dans le cas actuelle pour faire face à « l’ apres » Confinement la plupart des états du nord opteront pour une politique monétaire expansionniste c’est à dire l’augmentation de la masse monétaire combinée à la baisse des taux des directeurs dans l’optique de rebooster les investissements et parallèlement ajuster le déficit fiscal.

Au travers d’une pareille politique monétaire ils pourront par ailleurs contrôler l’éventuelle inflation que pourrait causer le covid-19 suite à la réduction d’offre jumelée à la forte demande en certains produits et services.

les pays du sud

À l’inverse des états à fort capitaux , les états du sud brillent par une économie traditionnelle et tres peu diversifiée dû à leur forte dépendance des recettes fiscales et de la marne pétrolière.

Les recettes fiscales sont des composantes essentielles de la plupart des économies subsahariennes où sa contribution au PIB s’échelonne entre 25% et 65%.
les recettes d’exportation des hydrocarbures représentent également une partie significative du PIB : à titre illustratif plus de 20 % du PIB pour l’Angola, la Guinée équatoriale, le Nigeria, l’Angola proviennent des recettes pétrolières, plus de 77 % des recettes fiscales pour ces mêmes pays.

Alors les pays africains en optant pour un confinement partiel ou total renonce de façon drastique à une partie de leur recette provenant des impôts compte tenu du ralentissement de l activité économique. La crise du Covid-19 cause entre autre l’arrêt de la production industrielle de pétrole et la restriction des bateaux dans les ports font plonger la demande mondiale et les prix.

Avec l’affrontement du coût de baril de pétrole actuellement estimé à 9,9 dollars le baril et la réduction des recettes fiscales combinés à l’augmentation des dépenses publiques, l’équation de la récession économique est toute faite pour les états du sud.

Pour la première fois en 25 ans, l’Afrique subsaharienne va connaître une récession économique, d’après les prévisions de la Banque mondiale. Après une croissance de 2,4 % en 2019, la récession devrait se chiffrer en 2020 entre -2,1 % et -5,1 %.

Contrairement aux états du nord qui Semblent mieux outillés pour faire face au désastre économique causé par cette crise sanitaire
Les pays du sud surtout ceux africains n’auront pas d’autre choix que de se retourner à nouveau vers les institutions de Bretton Woods (Fmi, banque mondiale) pour de nouvelles dettes ou répondre de façon favorable aux divers programmes d’accompagnement économiques des états à forts capitaux , conditionnant au passage leur souveraineté politique, sociale et économique.

Donc les états africains courent le risque au sortie de cette crise sanitaire d’être d’avantage endettés, mécanisme qui pourrait freiner son Eveil et conditionner son réveil pour une très longue période à nouveau.

la Banque africaine du développement (BAD), dans ses perspectives 2020 sur l’économie africaine, précisait que « entre 2008 et 2018, la dette publique moyenne des pays africains est passée de 38 % à 56 % du Produit intérieur brut (PIB) du continent ». Et au lendemain du Covid elle pourrait avoisiner 60 % du PIB.

Les Etats africains pour rembourser devront au passage sacrifier leur politique sociale, ce qui pourrait aussi bien à court- que à long terme d’avantage augmenter le taux de pauvreté et qui pourrait conduire à une instabilité politique dans la sous-region.

Conscient des conséquences sociales et des potentiels conséquences sur la relation bilatérale France- Afrique , le président Macron a appelé dans son allocution du 13 avril , à une annulation partielle de la dette africaine.

Parler de magnanimité du président francais relève d’une utopie, ce souhait d’annulation partielle pourrait être la résultante d’un calcul purement stratégique car la france étant l’un des partenaires primordiaux de certains pays africains, voit en l’ accroissement de la dette africaine un danger car cela pourrait pousser à une instabilité sociale dans la sous-region pourvant conduire à divers renouvellement « non contrôlé » des organes exécutifs des pays africains ce qui réduirait de façon considérable leur pouvoir dans la sous-region.

Pourquoi le continent africain ?

Le capitalisme a pour sa survie besoin de maintenir une constante dans le rapport « Production »-
« consommation » autrement dit entre l’offre et la demande.

Les états du nord haut de leurs forts capitaux détiennent la « production mondiale » et les états africains sont plus au moins essentiellement « Consommateur », leur balance commerciale déficitaire la plupart du temps dûe à une forte dépendance des importations le démontre assez.

L’ Afrique est un géant aux pieds d’argile et le panafricanisme est le marteau pour briser cet argile.
Pesant de son immense marché commun estimé à plus de 1.5 milliard d’habitants, sa main d’oeuvre qualifiée et moins chère, le « know-how » de sa diaspora et la richesse de son sous-sol, le continent africain présente tous les signaux positifs pour prendre son envol.

Un reveil du continent africain le rendrait compétitif aussi bien sur le secteur primaire que ceux secondaire, tertiaire et quaternaire, ce qui pourrait redéfinir et bouleverser la carte économique mondiale.

Si l Afrique se détache de son « internel » statut de « consommateur » pour prendre celui de « producteur » , alors les pays du nord auront entre autres moins de débouchés économiques, car une partie de leur survie commerciale repose le statut « consommateur  » de l’ africain.

Alors il devient presque impératif de garder le continent captif et dépendant, ceci aux travers de divers mécanismes comme l’endettement, diverse crises sanitaires et divers programmes de développement qui n’ont d’autre but que de maintenir le sous-développement.

La bataille géopolitique et économique qui se déroule en ce moment est une bataille à laquelle bon nombre d’africains sont ignorants du jeux et des enjeux.

Au travers de divers mécanismes socio-culturels, académiques et surtout politiques L’africain demeure captif de son ignorance.

conclusion

En préparation de cet essai , une question est revenue avec insistance :

pensez vous que le Covid-19 ait été crée contre l Afrique ?

l’affirmative ne saurait être une réponse à cette question , car des paramètres aussi bien andogènes que exogènes peuvent être à l origine des mutations des virus.

C’est le cas avec la grippe espagnole (H1N1) qui quelques années plus tard reviendra après mutation sous forme de grippe asiatique (H2N2) en 1956 et en 2009 sous forme de grippe aviaire (H1N1).

L’idée de cet essai n’est aucunement de défendre une thèse complotiste contre un quelconque acteur de l’économie mondiale, mais plutôt de montrer sur la base des faits en quoi une telle crise sanitaire peut freiner la croissance de cet acteur de haut calibre qui ignore encore la portée de son calibre.

William Tchuente
Analyste économique.
tchuentewilliam@yahoo.fr

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